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Tamghrabit ne tremble jamais



Par : Mohamed LOUIZI

Du malheur du séisme meurtrier d’al Haouz, survenu dans la nuit du vendredi 8 septembre 2023, à quelques encablures du mont Oukaïmden au sud de Marrakech, les lumières de Tamghrabit (تمغربيت) – concept marocain populaire, identitaire, culturel, civilisationnel, social, institutionnel et politique, que l’on pourrait traduire par Marocanité – ont jailli des roches fracturées du Haut Atlas, comme pour exprimer ce qui soude les Marocains, les uns aux autres, ceux du Maroc et ceux de l’Etranger, et qui réunit le roi et son peuple. Ces lumières, visibles à l’œil nu et perceptibles de loin, ont ébloui les regards des amis proches du Maroc comme ceux de ses détracteurs...
Toutefois, depuis les premières minutes, alors que plusieurs millions de Marocains ont été secoués au milieu de la nuit, sur un rayon de cinq cents kilomètres autour de l’épicentre, alors que des villages entiers ont été rayés de la carte ou coupés du reste du monde, alors que des villes moyennes et grandes, anciennes ou nouvelles, ont été endommagées partiellement et que le bilan du drame est sévère – environ trois mille morts et plus de six mille blessés, dont certains très grièvement –, des vautours et autres charognards ont aussitôt exprimé l’infâme, se sont drapés de ridicule et ont montré l’hideux visage de l’ignominie.
Ils pensaient pouvoir provoquer, depuis le confort de leurs rédactions climatisées, un autre séisme politique qui viendrait, dans de telles circonstances gravissimes, créer une faille entre les Marocains, dans leur diversité ethnique, religieuse, linguistique, géographique et socio-économique, et entre le peuple marocain et son roi souverain, sa majesté le roi Mohammed VI. Ils n’ont rien pu faire, face à Tamghrabit, cette belle alchimie heureuse, constitutionnalisée et institutionnalisée depuis 2011, au moins, et qui est ancrée dans les tréfonds de l’âme du Maroc depuis des siècles. Elle transcende les religions et les dogmes, les ethnies et les traditions, et fusionne les différents volets de l’identité plurielle marocaine dans un même foyer. Elle demeure non comprise par les adolescents de la diplomatie-X, ex-Twitter, et les plumes déracinées de la gauche woke déconstructrice.
Dès les premières minutes, les vrais amis du Maroc se sont mobilisés discrètement, sans ostentation, dans le strict respect des traditions et canaux diplomatiques officiels et sans volonté de grappiller, sur le malheur des veuves et les larmes des orphelins, quelques points de sondage de popularité. Dès les premières minutes aussi, les faux-amis du Maroc ont multiplié les basses attaques sur fond d’étonnement surjoué, en faisant fi du passé récent décomposé et compliqué, ciblant le roi, son patrimoine, son action et révélant jusqu’à son état de santé et sa maladie au mépris du secret médical. En filigrane, les grosses manœuvres de manipulation de l’opinion publique marocaine étaient visibles, tellement l’acharnement médiatique était grossier. Les Marocains ne sont pas tombés dans le piège.

Ces faux-amis dénient même à sa majesté le roi le droit d’être simplement ce qu’il est depuis 1999 aux yeux des Marocains et du monde, eu égard à sa légitimité monarchique constitutionnelle, et, de ce fait, de pouvoir gouverner son pays souverainement, en organisant les réponses urgentes et les secours, en hiérarchisant les mesures en fonction des besoins réels et objectifs du terrain, en élaborant un plan d’actions urgentes réfléchi et articulé d’abord autour du gouvernement, des institutions de l’Etat, des forces de sécurité, des forces de l’armée royale et en acceptant l’aide opérationnelle de quatre monarchies : Emirats Arabes Unis, Espagne, Grande Bretagne et Qatar. Soient deux monarchies orientales arabes et deux monarchies occidentales hispanique et anglo-saxonne. Un choix de stabilité qui n’est pas anodin.
Pendant que ces faux-amis alimentaient les polémiques stériles, y compris lorsqu’un des leurs a jugé utile de s’adresser «directement aux Marocaines et aux Marocains», au mépris des règles élémentaires de la diplomatie de base, par le biais d’une communication vidéo controversée, les Marocains, eux, étaient au travail, à pied d’œuvre, mobilisés comme une seule femme, comme un seul homme, pour secourir et sauver des vies, soigner des blessés, enterrer des morts, consoler des survivants, accueillir des orphelins, apaiser des douleurs, donner leur sang, collecter les denrées alimentaires de première nécessité, acheminer les médicaments, les habits, les tentes et les couvertures aux zones sinistrées.
Tant de leçons d’unité, de solidarité, de générosité, de bonté et de résilience se sont exprimées depuis, à travers des actes bénévoles et gracieux, sans rien attendre en retour. Ceux qui guettaient la moindre scène de pillage et la moindre rébellion, comme ceux qui posaient la dynamite de la discorde, pour créer le chaos au-dessus des cadavres, n’ont trouvé aucun foyer pour fracturer la société marocaine, une et indivisible, ni aucun fait délictueux qui entacherait des scènes sublimes d’une épopée populaire réelle. Tamghrabit était là. Tamghrabit est toujours là et elle sera au rendez-vous de la reconstruction de cette partie sinistrée du Maroc.
On a voulu montrer le visage d’un Maroc pauvre et sous-développé, Tamghrabit a révélé les richesses des âmes qui alimentent la générosité des mains. On a voulu montrer le visage d’un Maroc divisé et morcelé, Tamghrabit a donné corps à l’unité nationale de Tanger à Lagouira, tout au long de la côte atlantique, et de Tanger à Saïdia, tout au long de la côte méditerranéenne. Des camions par centaines, par milliers, chargés de denrées et de comestibles, chargés d’amour et de compassion, ont pris la route des quatre coins du Maroc, d’Oujda à l’Est, de Casablanca à l’Ouest, de Laâyoune au Sahara marocain, de Nador au Nord, pour se diriger vers les villages perchés des monts de l’Atlas et apporter les aides à leurs concitoyens.
Amazighs, Chaouis, Chleuhs de Souss, Doukkalis, Fassis, Haouzis, Jbāla, Rahmanis, Rifains, Sahraouis, Tadlaouis, paysans et citadins, tous ont répondu présents à l’appel de Tamghrabit : un seul Maroc, un seul peuple. La diaspora marocaine s’est jointe tout de suite à cet élan de solidarité depuis Israël, l’Europe, l’Amérique, entre autres. On a voulu décrire un roi absent, à cause de la maladie, et un peuple assoiffé qui crierait famine, mais Tamghrabit, dès les premières heures, a mis à mal les rumeurs malveillantes. Le roi est debout, au chevet des sinistrés, joignant la parole aux actes et donnant l’exemple. Son don d’un milliard de dirhams au Fonds spécial pour la gestion des effets du tremblement de terre n’a rien de surprenant. C’est dans l’ordre des choses…

En somme, Tamghrabit, cette plaque tectonique solide, qui s’étale en-dessous du Maroc et qui permet à toutes ses fondations de s’ancrer solidement sans craindre un quelconque risque sismique, a protégé le Maroc de la dislocation et continuera à le faire. Ses structures étatiques, populaires et symboliques – monarchie, institutions, familles, tribus et société civile – ont tenu et amorti le choc au moment où certains espéraient le cafouillage et projetait l’après-désordre dans une zone nord-africaine de plus en plus instable. Cela dit, les défis de reconstruction sont majeurs et des dangers planent toujours. L’on espère que cet esprit continuera de déjouer les tentatives de déstabilisation et permettra au Maroc et aux Marocains de surmonter les épreuves.

Le pire qui pourrait frapper le Maroc, ce ne sera jamais un tremblement de terre, mais le déclin de l’âme et de l’esprit de Tamghrabit, à cause, entre autres, de l’expansion insidieuse d’un certain gauchisme sans âme, sans boussole, si ce n’est celle de la haine de soi, doublé d’un wokisme déconstructeur qui hait les structures sociales et politiques d’autorité et qui chérit le chaos. Fort heureusement, ni ce gauchisme vénal, ni ce wokisme mercenaire n’ont pignon sur rue au Maroc et demeurent très marginaux voire insignifiants. Autrement, la situation serait tout autre. L’on voit bien ses ravages sur l’unité nationale dans les pays qui ont cédé à ses pressions et à ses sottises. Plus rien n’est respecté : ni les autorités, ni les institutions, ni la langue, ni le drapeau, ni l'hymne national, ni le patrimoine matériel et immatériel.

Ce n’est certainement pas au Maroc que la mise en valeur, par exemple, des traditions culturelles et des symboles culinaires du pays, lors de la cérémonie d’ouverture d’un événement sportif national ou international, enclencherait les ricanements d’une partie gauche et woke de la classe politique et médiatique. Loin de tout chauvinisme nationaliste, l’esprit ouvert de Tamghrabit veille sur la pérennité et le respect des symboles identitaires structurants de la nation marocaine. Ces symboles sont les repères intemporels de la société. Quand tout se met à trembler, ce sont ces repères qui stabilisent l’édifice et qui lui redonnent ses traits immortels et ses lettres de noblesse. Les Marocains l’ont très bien compris et c’est bien comme ça.
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