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Lycée Averroès : «L’éthique musulmane» dans un nid de vipères...

Analyse du programme islamiste du collège-lycée Averroès
Par : Mohamed Louizi
Le créneau «éthique musulmane» est l’un des instants «éducatifs» les plus importants au sein du collège-lycée Averroès à Lille-Sud : établissement scolaire privé, géré et dirigé par des Frères musulmans. En 2015, après les attentats de Charlie Hebdo et suite à l’éclatement médiatique (puis judiciaire) de l’affaire qui opposa cet établissement au professeur de philosophie Soufiane Zitouni, l’Académie de Lille avait diligenté une inspection le 11 février 2015. Un rapport[1] fut remis aux autorités rectorales deux jours plus tard.
Le communiqué du Rectorat de Lille jugeait que «les termes du contrat de l’établissement avec l’État sont globalement respectés»[2]. Il précisait qu’«il convient néanmoins, sur certains points, de clarifier le statut et la place du religieux dans l’établissement»[3] ainsi que de «lever les ambiguïtés entre l’enseignement de la philosophie et le cours optionnel d’éthique religieuse»[4]. Le présent texte analyse conjointement (et partiellement) le contenu du programme «éthique musulmane», en vigueur.
Les rédacteurs du programme précisent ses quatre principaux buts, à savoir, je cite : «Donner à l’élève les moyens de se réaliser spirituellement et de vivre sa foi en harmonie avec le monde qui l’entoure» ; «Fixer les bases élémentaires de la religion dans l’esprit de l’apprenant» ; «Offrir à l’élève un espace d’interrogations et de débats autour de diverses questions liées à la foi de manière générale» et «Imprégner l’élève, tout au long de son parcours scolaire, d’enseignements fondamentaux pour une pratique harmonieuse de sa religion».
Les cibles de ce programme sont des collégiens et lycéens scolarisés au sein de cet établissement. Âgés de 10 à 18 ans, pré-adolescents et adolescents, filles et garçons, ils suivent trois cycles de formation successifs : Cycle 1 (classes de 6ème et 5ème) ; Cycle 2 (classes de 4ème et 3ème) et Cycle 3 (classes de 2nde, 1ère et Terminale). Ainsi, du début du Cycle 1 (classe de 6ème) à la fin du Cycle 3 (classe de Terminale), les élèves assistent à une heure et demie de cours d’« éthique musulmane » par semaine, soit un total de 54 heures par année scolaire (36 semaines de cours par an), soit 378 heures durant les sept années du parcours scolaire, collège et lycée confondus. Si on rajoute à cela le temps du serment et de la prière de vendredi, presque 1 heure par semaine, observé au sein de cet établissement, ce total grimpe à 630 heures de formation «religieuse», directe et indirecte, formelle et informelle.
À cela, il conviendrait d’ajouter, pour la plupart des élèves de confession musulmane, c’est-à-dire l’écrasante majorité inscrite dans cet établissement, le temps parascolaire d’apprentissage du Coran et de la langue arabe (à base de supports religieux, versets et hadiths) les samedis et les dimanches au sein de l’école coranique annexée à la mosquée de Lille-Sud, ou à la mosquée de Villeneuve d’Ascq entre autres, à raison de 4 heures par semaine, y compris pendant les vacances scolaires : soit un total de 176 heures par an, 1232 heures de la 6ème à la Terminale. En additionnant ces deux totaux , les 630 heures (scolaires) et les 1232 heures (parascolaires), on atteint une somme pléthorique de 1862 heures cumulées en sept ans qui ne suffit certes pas pour former des «imams» mais qui est suffisante pour inculquer à ces jeunes les fondamentaux et les bases d’une certaine lecture identitaire et politique de l’islam. Les rédacteurs précisent, par ailleurs, que les cours de «l’éthique musulmane» sont «complétés par des activités liées aux évènements du calendrier musulman tels que l’hégire, les fêtes, mais aussi par des sorties, voyages pédagogiques dans le souci d’une ouverture sur les autres religions et lieux de culte». Inquiétante inflation de l’islam dans la vie des élèves.
Pour atteindre les buts susmentionnés, les dirigeants de cet établissement varient les outils, les moyens, les supports, les séquences et les points d’entrée, permettant de toucher la sensibilité des élèves, afin de les amener, de les entraîner progressivement, vers l’acquisition certaine des bases fondamentales de l’islam tel que les frérosalafistes le conçoivent, l’interprètent et le prêchent. Ces dirigeants proposent aux élèves un condensé sunnite, autant sur son orthodoxie que sur son orthopraxie – j’y reviendrai – axé en même temps sur le dogme, la pratique cultuelle, la morale et ses règles, la connaissance du Coran, l’apprentissage des hadiths, la biographie de certains «prophètes», dont le choix n’est point le fruit du hasard, la biographie de Mahomet, j’y reviendrai, la biographie de ses proches compagnons, en particulier les deux premiers califes, la biographie de leurs successeurs et celle des successeurs de leurs successeurs.
En somme, un programme résolument fidèle à une grille salafiste considérant que l’âge d’or de l’islam est incarné par trois générations, par trois groupes qui se sont succédés après la mort de Mahomet. Ces trois groupes forment, dans l’esprit et les écrits du salafisme, le fameux concept al-Salaf al-Ṣāliḥ : les prétendus «pieux prédécesseurs» qui incarneraient le vrai, l’authentique islam que les islamistes veulent réinstaurer et réhabiliter à l’identique maintenant, ici et ailleurs.
La première génération est celle des compagnons : les Sahãba. Le programme du collège-lycée Averroès choisit parmi eux les deux premiers califes : Abu Bakr As-Siddiq (573-634) et Umar ibn al-Khattâb (584-644). Le premier a créé le premier Etat Islamique de l’Histoire et a institutionalisé le viol sanguinaire de la liberté de conscience, en menant la guerre contre l’apostasie[5]. Le second est connu pour avoir accéléré les conquêtes islamistes au-delà de l’Arabie, en Irak, en Syrie, en Iran, en Egypte, etc.
La deuxième génération est celle des successeurs des compagnons : les Tabi’îne. Le programme du collège-lycée Averroès choisit parmi eux Abu Muslim Al-Khawlani (mort en 684) et Saïd ibn Jubayr (665-714), alias Saïd ibn al Mussayib. A ce dernier, feu Youssef al-Qaradawi, le sulfureux guide des Frères musulmans, a consacré en 1986 un ouvrage d’hommage en arabe, une pièce théâtrale intitulée Un savant et un tyran, très connue, très partagée au sein des milieux islamistes. Cette pièce est traduite en anglais sous le titre : The Scholar and The Tyrant[6]…
Quant à la troisième génération, elle est celle des successeurs des Tabi’îne. C’est cette génération, en particulier, qui, presque deux siècles après la mort de Mahomet, a couché par écrit ses hadiths, paroles qui lui sont attribuées en plus du Coran. Elle les a rassemblés dans des recueils supposés être authentiques comme celui d’al-Bukhari (810-870). Les élèves du lycée Averroès ont tout le loisir de s’y familiariser en les apprenant par cœur et en étudiant les fameux 40 hadiths d’an-Nawawî et leurs commentaires. J’y reviendrai.
Toutefois, vouloir rattacher le jeune élève du collège-lycée Averroès à la tradition islamique ancestrale passe aussi par l’évocation d’autres symboles religieux, antérieurs même à l’avènement de Mahomet : notamment ceux des «prophètes» et des «messagers», reconnus comme tels par les sources scripturaires de l’islam. S’agissant aussi de cette filiation théologique et spirituelle, le choix n’est guère anodin. En effet, des sources islamiques dénombrent 124000 «prophètes» et 313 «messagers d’Allah». Le Coran en cite 18. Toutefois, le programme du collège-lycée Averroès s’intéresse plus particulièrement à 8 d’entre eux en plus de Mahomet. Je fais remarquer, au passage, que les rédacteurs adoptent l’appellation française et biblique de certains «prophètes» et, pour d’autres, l’appellation arabe coranique.
Ainsi Adam (Ãdam en arabe), Noé (Nuh en arabe), Moïse (Moussa en arabe), Jésus (Issa en arabe) sont nommés en français. En revanche, Ibrahim (Abraham en français), Souleymane (Salomon en français), Ayûb (Job en français), Yusuf (Joseph en français) et Mohamed (Mahomet en français) sont nommés suivant des vocables arabes et coraniques. Difficile de saisir le sens exact de cette incohérence sauf, peut-être, dans le cas de Mahomet où l’on sait pertinemment que l’adoption délibérée de l’appellation arabe s’inscrit dans une démarcation linguistique assumée. Pour les islamistes, la dénomination «Mohamed» ou «Mohammed», pour parler du «prophète» de l’islam, ne doit pas être abandonnée au profit de celle de Mahomet qui serait, selon eux, une qualification dépréciative et péjorative. Quelle qu’en soit la raison, à supposer qu’il y en ait une, et mis à part les principaux «prophètes» des trois religions monothéistes, Moïse, Jésus et Mahomet, se revendiquant tous les trois de l’héritage d’Abraham, le choix des 5 autres, Adam, Noé, Salomon, Joseph et Job sert, chacun dans un registre particulier, un aspect de l’idéologie des Frères musulmans.
Adam est considéré comme étant le premier humain et le père de l’Humanité en dépit de ce que dit la Science. La vision créationniste et son récit, notamment des versets et des hadiths, reprenant largement la vision biblique, ses symboles et ses métaphores, utilisent Adam et l’histoire de sa «création» pour remettre en cause et réfuter vigoureusement la théorie évolutionniste darwinienne. L’Eglise catholique quant à elle, adoptant une herméneutique savante, n’est plus opposée à la théorie de l’évolution. En 1996, le Pape Jean-Paul II écrivait déjà : «Aujourd’hui, près d’un demi-siècle après la parution de l’Encyclique, de nouvelles connaissances conduisent à reconnaître dans la théorie de l’évolution plus qu’une hypothèse.»[7] L’islam des Frères musulmans n’est pas sur cette ligne. Le symbole de Noé est utilisé dans les milieux islamistes pour montrer que le chemin de la prédication est long, endurant : Noé, selon la tradition, aurait passé 950 ans à prêcher «la bonne parole» parmi son peuple sans baisser le bras. Salomon, le «prophète-roi», fils de David, représente dans l’imaginaire collectif des Frères musulmans ce pour quoi ils militent et combattent. Le pouvoir au service de la prophétie. Le temporel au service du religieux. Le parlement au service de la mosquée. Le juge au service de la charia…
Dans le même sillage, ils abordent l’histoire de Joseph qui après des tumultes et de la prison, est parvenu à atteindre le pouvoir politique à côté du roi d’Egypte. Joseph est aussi cité en exemple pour museler la sexualité des jeunes et prôner la chasteté et l’abstinence. Enfin, Job sert de modèle pour ancrer dans les têtes l’idée victimaire selon laquelle tout «musulman» sincère serait sujet à l’affliction, aux épreuves et aux persécutions de toutes sortes. La victimisation qui en résulte et qui cherche tout prétexte pour crier à «l’islamophobie», étant un standard frérosalafiste jouissant d’une bibliographie exubérante, surtout en langue arabe, est la deuxième jambe de l’islamisme à côté de la dissimulation, la Taqiyya.
En mettant côte à côte tous ces bouts et fragments du programme d’«éthique musulmane» du collège-lycée Averroès, on peut reconstituer un nuage de mots-clés et un puzzle de représentations mentales, associées chacune à un symbole passé, qui agissent (et agiront), consciemment et inconsciemment, sur la compréhension et la pratique de l’islam par ces élèves d’aujourd’hui : ces cadres de demain. Forcément, suivant cette grille prosélyte, l’islam est et sera associé dans leur imaginaire militant au refus de la modernité au motif que le progrès serait un passé salafiste à reproduire à l’identique ; au refus de la démocratie au motif que seule compte la loi d’Allah, protégée par un Etat Islamique puissant; au refus de la Science au motif que l’évolution serait synonyme de mécréance ; au refus des libertés individuelles au motif que l’islam est d’abord une soumission à la volonté divine.
Par ailleurs, pour fixer dans les têtes et les esprits des élèves les standards de leur lecture théologico-politique de l’islam, les dirigeants du collège-lycée Averroès ne comptent ni sur les seuls contes historiques relatifs aux «prophètes» précités, choisis soigneusement parmi des dizaines de milliers d’autres, ni sur la seule biographie de Mahomet, mettant en exergue des moments fondateurs des mythes islamistes tels que le récit de la «révélation coranique», le «voyage nocturne» (et surtout son instrumentalisation dans le cadre du conflit israélo-palestinien[8]) et le «pacte de Médine» (considéré par les islamistes comme la première constitution de l’Etat islamique). Ils ne comptent pas aussi sur le seul narratif fantasmé à dessein, magnifiant les histoires des trois générations des Salafs. Pour ce faire, leur programme d’«éthique musulmane» insiste d’un côté, sur l’apprentissage du Coran et de son exégèse et, de l’autre côté, sur l’apprentissage des hadiths et de ses explications.
Ce programme, disent-ils, vise à «sensibiliser l’élève à une approche plus intime du Coran» afin de mettre en évidence, définitivement, son supposé «caractère intemporel» qui prétend que les versets coraniques ne sont soumis à aucune péremption ni date d’expiration et qu’ils sont valables partout, tout le temps, jusqu’à la fin des temps. Cela concerne l’ensemble des 6236 versets (6349 en comptant la Basmalah, le premier verset non numéroté de chaque sourate), y compris ceux concernant les règles et sanctions de la charia, le jihad armé, l’esclavage, la condition des femmes, la condition des Juifs et des Chrétiens… Cette intemporalité revendiquée ne se limite pas aux versets coraniques stricto sensu mais couvre aussi les textes de la tradition mahométane, notamment les hadiths. Les Frères d’Amar Lasfar, président de l’association Averroès, tient à le préciser. «Le Coran étant indissociable de la tradition du prophète» rappellent-ils. Tout un programme…
S’agissant du Coran, l’intérêt porte sur la sourate al-Fâtiha («Une sourate qui signe un pacte avec Allah»[9]), le verset du Trône (faisant l’éloge de l’unicité d’Allah vs la trinité chrétienne et interprété, par les fréristes, comme un acte fondateur de la Hakimmiyyah. Ce concept radical et jihadiste développé par Sayyid Qutb[10]), la sourate de Yusuf , Joseph, ou l’allégorie de l’abstinence au nom de la foi qui mène au pouvoir politique suprême, et les 37 dernières sourates du chapitre ‘Amma dont la fameuse sourate Al-Asr, l’Instant : une sourate que les islamistes répètent, tel un leitmotiv, une antienne, un refrain, à la clôture de toutes leurs activités. «Au nom de Dieu, Celui qui fait miséricorde, le Très Miséricordieux. Par le temps, certes, l’Homme est en perdition. A l’exception de ceux qui croient, de ceux qui accomplissent des œuvres de bien, de ceux qui s’encouragent mutuellement à la vérité, de ceux qui s’encouragent mutuellement à la patience, à la persévérance» comme l’a traduit le frère musulman Tariq Ramadan dont la traduction du chapitre ‘Amma et du verset du Trône sont contenus dans un petit livret, édité par les éditions Tawhid en 2003, destiné aux jeunes. Ce livret était en vigueur au sein du collège-lycée Averroès au moment de sa création. L’est-il toujours ? Mon petit doigt répond par l’affirmative.
Quant aux hadiths attribués à Mahomet, le programme du Cycle 3 (Lycée) affiche le visuel d’un autre petit livret, lui aussi paru aux éditions Tawhid, intitulé 40 Hadiths Nawawî. Il contient en réalité 42 hadiths au total. Dès la classe de 2nde, les élèves du lycée Averroès sont appelés à étudier ces hadiths «à travers le commentaire d’al-Wâfî», comme le précisent les rédacteurs qui ajoutent aussi que «ceci permettra à l’élève non seulement d’avoir une synthèse claire de l’islam mais aussi d’approfondir certains aspects fondamentaux de la religion.» Cela a le mérite d’être clair et de ne souffrir d’aucune équivoque. Que dire donc de ce livret ?
Il faut savoir qu’il est traduit de l’arabe et commenté par un certain Mostafa Suhayl Brahami, un islamiste algérien établi à Lausanne en Suisse depuis plus de vingt ans après avoir fui la guerre civile algérienne qu’il a semée avec ses frères. Mostafa Brahami est un poids lourd de la mouvance islamiste algérienne. Lui-même raconte dans un témoignage (à lire ici) qu’il est membre fondateur de la «Jama’a Islamiya» en Algérie, qu’il fut «député du FIS [Front Islamique du Salut] en 1991»[11]. Le même FIS qui a précipité l’Algérie dans la triste Décennie noire, de 1991 à 2002, causant la mort de plus de 150 mille personnes. Il dit avoir été très proche du leader du FIS, Abbassi Madani[12], mort au Qatar en 2019, qui fut chef de l’AIS[13] (Armée islamique du salut).
Par ailleurs, afin de vulgariser en français les rudiments de l’orthodoxie frérosalafiste et sa charia – même si Brahami refuse d’assumer tout lien organique avec le mouvement des Frères musulmans – il a traduit et publié plusieurs ouvrages touchant à la fois au culte, à la pratique, à la morale et aux règles du droit islamique. En France, il a pu compter sur le réseau des éditions du centre Tawhid qu’avait fondé en 1990 l’association frériste UJM[14] (Union des jeunes musulmans à Lyon). Depuis sa naissance, UJM et son président Yamin Makri ont travaillé main dans la main avec un certain… Tariq Ramadan[15]. Et ce n’est qu’en 2019, après l’éclatement des affaires Ramadan, relatives aux accusations de viol par plusieurs femmes, que l’UJM, le centre Tawhid de Lyon, sa filiale à Saint-Denis, son institut Shâtibi[16], et Yamin Makri[17] ont pris, en apparence, leur distance[18] avec le petit-fils d’Hassan al-Banna.

C’est au sein de ce plasma frérosalafiste que baigne Mostafa Suhayl Brahami qui poursuit son prosélytisme au sein des activités organisées par les cercles fréristes comme ici, ici, ici et ici. Une simple visite de son profil sur Twitter (@MostafaBrahami) suffit pour cerner les questions et les causes qui continuent à l’animer : la promotion de la charia, la haine d’Israël et des Juifs, la haine des homosexuels… Les élèves du lycée Averroès sont appelés à apprendre et approcher les hadiths de Mahomet traduit par cet extrémiste notoire.
Pis, la compréhension des sens de ces hadiths, à en croire le programme d’«éthique musulmane» de cet établissement, se fait «à travers le commentaire d’al-Wâfî». Il s’agit d’un ouvrage arabe coécrit par un binôme syrien : Mustafa al-Bugha et Muhyî ad-Dîn Mistû. Il n’est pas nécessaire à ce stade d’alourdir davantage cette note, par l’analyse des parcours et des écrits de ces deux prédicateurs. Toutefois, je mentionnerai que Mustafa al-Bugha est un salafiste traditionaliste connu en Syrie, au Qatar et partout dans le monde arabe de par ses écrits et publications.

Mustafa al-Bugha a défrayé la chronique en 2014 quand sa fille, Iman, a quitté son poste de professeur du droit islamique à l’université Dammam en Arabie Saoudite, pour rejoindre les rangs djihadistes du groupe Etat Islamique à Mossoul en Iraq, en passant par al-Raqqa. Iman Mustafa al-Bugha est devenue la juriste en chef de Daesh, «l’intellectuelle» de l’autoproclamé califat d’Abou Bakr al-Baghdadi, à la tête d’une brigade féminine nommée Al-Khansaa, encourageant son fils, Abu al-Hassan al-Dimashqi, à porter les armes, à faire le jihad armé[19] jusqu’à sa mort à l’âge de 13 ans, seulement.
