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SciencesPo-Paris et l'entrisme frériste du Qatar

Dernière mise à jour : 28 mars 2023

- Mohamed LOUIZI -


Le 1er février 2023, dans un salon feutré au Qatar, un protocole d'accord islamogauchiste a été signé avec la bénédiction de l'ambassadeur de France à Doha, Jean-Baptiste Fèvre. Le macroniste Mathias Vicherat, directeur de la prestigieuse SciencesPo-Paris a serré la main du frériste soudanais Abdelwahab El-Affendi(*), directeur du Doha Institute. Pour information, Doha Institute, qui a ouvert ses portes en 2015, est le bras universitaire du CAREP (Centre arabe de recherche et d’études politiques) au Qatar, que préside Azmi Bishara, un proche de l’émir Tamîm.


A ce jour, aucun média français n’a parlé de ce protocole d'accord. Dès le 2 février, The Gulf Times lui a consacré un article. Un mois plus tard, le 28 février, c’est la filiale à Paris du CAREP qui en a relayé l’information dans un papier.



Cet accord s'inscrit dans la stratégie d'islamisation par le haut des universitaires. Le soft power qatari a compris que des élites arabes et occidentales (libéraux, progressistes, gauches) n'iront jamais à la mosquée. Pour les faire adhérer et converger vers le projet islamiste du Qatar, dans le monde arabe et en Occident, il fallait une structure physique puissante à Doha, qui n’aurait pas forcément une connotation religieuse et qui rayonne à l’international.


Le CAREP a été ainsi créé en 2010 avec l’aide financière et logistique de l’émir Hamad Al Thani et de son successeur. Dans une vidéo (en arabe), Azmi Bishara explique la genèse du CAREP et indique qu’il est financé et soutenu par l’émir. Son Diwan émirien a facilité les procédures déclaratives. Il précise néanmoins, à qui voudrait bien le croire, que ce financement n’a jamais été conditionné et que le CAREP est "totalement indépendant" (sic).


Le CAREP compte aujourd’hui quatre filiales en dehors de l’émirat gazier, à Tunis, Beyrouth, Washington DC et Paris. Si le CAREP est dirigé par Azmi Bishara, un libéral arabo-israélien de gauche, sa filiale, Doha Institute, qui a signé l’accord avec SciencesPo-Paris, est dirigée, elle, par le frériste Abdelwahab El-Affendi précité. Il s’agit, à n’en point douter, d’une alliance pragmatique du croissant et du marteau. Au Qatar, Tamîm a deux bras : l'héritage de Youssef al-Qaradawi (et ses Frères) et le réseautage d'Azmi Bishara (et ses camarades). En France, il a Ramadan d’un côté, Kawakibi de l’autre. Lasfar à droite, Burgat à gauche. Le réseau des mosquées et associations fréristes ne peut se développer sans la couverture "universitaire" islamogauchiste qui produit et amplifie le discours victimaire.

Concernant les structures de prédication et les associations frérosalafistes, la littérature est désormais abondante. Ce décryptage propose d'explorer plutôt la deuxième voie de l'islamisation. Celle que sert la gauche pénitente. Ainsi, le profil de Salam Kawakibi, directeur du CAREP-Paris synthétise parfaitement cette alchimie...



Syrien. Naturalisé Français. Il se dit "politologue". On ignore s’il a déjà soutenu une thèse ? Si oui, laquelle ? Où ? Quand ? Sur ses données partagées sur le net, on apprend qu’il est titulaire d'un DEA (Diplôme d’études approfondies, soit un bac+5) en sciences politiques de l'IEP d'Aix-En-Provence. Toute une signification. Le thème était «Radio Monte Carlo, Moyen-Orient : l'émergence d'un nouveau langage politique, le cas de la Syrie», sous la direction de Jean Robert Henry. Il dit avoir obtenu une licence d’économie et un autre DEA du département des relations internationales à l'Université d'Alep. En 2017, il est choisi par le Qatar pour diriger le CAREP-Paris.


Homme de propagande, il use et abuse impunément des noms d'oiseaux contre des journalistes français qui ne lui conviennent pas. Ainsi, Ivan Rioufol du Figaro est traité de «journaleux idiot et ignare». Il donne une définition du «journaleux crapule» que je n’ose écrire ici, tellement son verbe est vulgaire. Ian Hamel, Georges Malbrunot et Christian Chesnot sont traités de «zozo». Leurs enquêtes sur le soft power qatari et les réseaux des Frères musulmans et de Tareq Ramadan font mouche. Natacha Polony part avec l’étiquette de «populiste». Tous les 20 octobre, depuis 2019, il publie sur Facebook un message à l’adresse de ses 13000 followers, je cite : «Les médias français, tu leur retires l’islam et le voile, il ne leur reste plus que la météo, et encore, ils seraient capables de dire que le ciel est voilé…». Le 16 mars 2019, au lendemain de l’attentat raciste qui a visé une mosquée à Christchurch en Nouvelle-Zélande, il a publié sur Facebook ce commentaire : «Semer la haine, la peur, des mensonges et l’islamophobie… résultat ?», accompagné d’un photomontage de 40 couvertures de 7 magazines français, criminalisant de la sorte les organes de presse et tentant un chantage au silence. Encore des cibles sur des titres de la presse française ?


Tout Français musulman qui n'est pas en phase avec l'idéologie frérosalafiste ou qui la combat est traité d'ADS : «Arabe de service». Dans la séquence qui suit, extraite d'un webinaire public, en arabe, «la France entre ses musulmans et son «islam en crise»», c'est l'imam Chalghoumi, imam de Drancy, qui en est nommément injurié à la grande joie d’Alain Gresh, de Badreddine Arkoudi, le modérateur, et de François Burgat. Celui qui, en 2017, sur Mediapart, a expliqué que «la violence dite islamique ne vient pas de l’islam» et qu’il «faut en finir avec la chalghoumisation des esprits».



Tout opposant politique à l'islamisation rampante de la société n'échappe pas, non plus, à sa vindicte. Lors du premier rassemblement de campagne d’Eric Zemmour, le jeune militant de 18 ans, Tanguy David, était présent derrière le candidat. Le 6 décembre 2021, Salam Kawakibi l'a traité publiquement de «domestique subalterne» sur Facebook. Quelques semaines plus tard, d’autres l’avaient traité de «sale nègre» et agressé physiquement. Conséquence directe de ce type de déchainement raciste sur les réseaux sociaux. Le Parquet de Paris a ouvert une enquête pour «violences en réunion et injure publique en raison de la race». Le directeur du CAREP-Paris qui a commis ce post raciste n’était pas visé par l’enquête...


A la moindre occasion, il salit l'image de la France dans ses articles. Il pense que ses écrits en arabe échapperaient peut-être à la vigilance citoyenne bilingue. Paradoxalement, à l'écouter chanter les louanges de l'émir Tamîm, son employeur, on comprend ce que voudrait dire le mot «vassalité». Le corps à Paris et le cœur au Qatar...



Il suit le vent de l'émirat gazier. Telle une boîte d'allumettes, il est prêt à faire feu de tout bois pour maintenir la pression sur des états souverains, comme le Maroc et la Tunisie, qui refusent le tutorat du Qatar. Ils soutient des délinquants, des islamistes condamnés pour traite d'êtres humains, pour d'autres des crimes, des viols et autres agressions sexuelles, en les faisant tous passer pour de simples «prisonniers d'opinion»…



Ayant joué un rôle clair-obscur au sein du CNS (Conseil national syrien), noyauté depuis la première heure par des islamistes, et en particulier par des Frères musulmans syriens à la solde de l’axe Ankara-Doha, il a soutenu publiquement des djihadistes fréristes, comme Abu al-Furat, que la France de Hollande, Laurent Fabius et BHL voulaient armer jusqu’aux dents, en 2012/2013...



Le 18 novembre 2021, il a rendu hommage au djihadiste frère musulman syrien, Abdelkader Saleh, ex-commandant des Brigades islamistes «Liwa al-Tawhid», soutenues par le Qatar. On aimerait savoir si sa publication était-elle, ou pas, conforme à l’article 421-2-5 du Code pénal, s’agissant de l’apologie du terrorisme ?



Sur le front égyptien, il critique la justice d'avoir condamné des jeunes fréristes qui, excusez du peu, ont commis un attentat à la voiture piégée et tué le procureur général Hisham Barakat. On croit rêver ! Être contre la peine de mort est une chose. Je le suis depuis toujours. Soutenir des djihadistes qui ont commis un attentat, dans un pays qui, comme le Qatar, n’a pas aboli la peine de mort, en est une autre. On n’a pas entendu Salam Kawakibi critiquer le Qatar quand le Népalais, Anil Chaudhary, a été exécuté en 2020. On ne mord pas la main qui nourrit. Décidément, dans ces milieux, le double-standard est une seconde nature...



Sur le front palestinien, il a rendu hommage au terroriste Oday al-Tamimi qui a tué une jeune soldate de 18 ans, Noa Lazar. Aussi, il semble légitimer les tirs de roquettes par le Hamas depuis Gaza. Il importe le conflit israélopalestinien en France, constamment, mais traitre de «connard» le maire de Nice, Christian Estrosi, pour avoir affiché le drapeau d’Israël sur le fronton de la mairie. Que dit l’article 433-5 du Code pénal, relatif au délit d’outrage à l’égard d’une personne dépositaire de l’autorité publique ?


Un jour, on a posé la question au frère musulman Amar Lasfar, ex-président de l’UOIF (l'actuelle "Musulmans de France") au sujet de l'antisémitisme avéré du feu qatari Youssef al-Qaradawi. Il a répondu : «Il n'est pas antisémite. Il est antisioniste.» Amar Lasfar dirait la même chose de Salam Kawakibi, le directeur du CAREP-Paris, qui joue sur les mêmes ambiguïtés univoques. Des illustrations à l'appui !



Je pourrais m'arrêter là mais continuons ! Salam Kawakibi se sent comme investi d'une mission, depuis son militantisme syrien, de créer des ponts et du liant entre islamistes, libéraux, progressistes et forces de gauche. Tout un programme me diriez-vous...



Pour ce faire, il faut savoir draguer sur le «Meetic» de l'#islamogauchisme. Un coup vers l'extrême gauche marxiste. L'autre coup vers l'extrême-droite islamiste. Et le troisième, vers l’extrême-centre macroniste. Deux dates-anniversaire : le 11 septembre et le 18 juin. Le 11 septembre, il ne pleure évidemment pas les victimes d’Oussama Ben Laden en 2001. Le 18 juin, iI ne célèbre pas «ici Londres» et l’appel du général de Gaulle de 1940. Le 11 septembre, il pleure plutôt Salvador ALLENDE, tué en 1973 au Chili. Histoire de séduire les gauches. Le 18 juin, il prie pour Mohamed MORSI, mort le 17 juin 2019 en Egypte. Histoire de charmer les Frères...



Un coup, il court vers les intersectionnelles islamophiles. L'autre, il fait des pas vers des intellectuels réformistes musulmans. A chacun, il donne un gage. Une fleur. Un sourire. Un souvenir. Un symbole. L'alliance du croissant et du marteau en action mérite ce grand-écart permanent. Salam étant très élastique.



Ses efforts depuis 20 ans donnent déjà leurs fruits. Presque personne n'ose critiquer l'islamo-gauchisme et le frérisme au sein des universités françaises. On attend toujours le rapport réclamé par l’ex-ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, Frédérique Vidal, au sujet des dérives islamogauchistes à l’université. Kawakibi avoue que si une tribune «contre» ces dérives rassemble à peine 100 signatures, immédiatement ce sont plus de 3000 amis "universitaires" du couple Kawakibi-Burgat qui ripostent immédiatement dans les colonnes de médias acquis à la cause islamogauchiste : Libération, Le Monde, Médiapart et Orient XXI. Salam en est plus que ravi.



Malgré toutes les infractions caractérisées, Salam Kawakibi trace sa voie, celle que le Qatar lui a montré, imperturbable. Depuis sa DEA à Aix-En-Provence, François KAWAKIBI prend soin de Salam BURGAT. Le second cautionne le deuxième. Inséparables pour le meilleur comme pour le pire. Protégés ? Pourquoi ? Par qui ? Jusqu’à quand ?



Son influence est étendue que l'on n'arrive plus à suivre. Il intervient partout : OTAN, ONU, College of Europe, Collège de France, universités d’ici et d’ailleurs, médias... Quand j’ai appris que la DIRPJJ (Direction interrégionale de la protection judiciaire de la jeunesse) lui a même confié la formation de ses cadres pour lutter contre la radicalisation, j’ai cru que c’était un canular et pourtant, il a «bel et bien» animé une formation pour prévenir la radicalisation islamiste. A ce degré, autant confier la lutte contre la pédocriminalité à un pédophile.



Salam Kawakibi se situe au juste milieu du frérisme réserviste et opérationnel. Son profil est riche en (r-)enseignements. Il montre les valeurs et les causes qui l’animent. On aimerait voir en le CAREP et sa filiale Doha Institute - avec qui SciencesPo-Paris a signé un accord d’échanges - des partenaires sérieux, mais on est très vite rappeler à l’évidence : «C'est au fruit que l'on reconnaît l'arbre».


En attendant que toute la lumière soit faite autour de ce protocole d'accord et les conditions de sa signature, on peut poursuivre la découverte de l’univers commun, frériste et islamo-gauchiste en action à l'université et ailleurs, son idéologie, ses codes, son réseau et son plan, en lisant mon récit autobiographique ET le travail académique herculéen remarquable de mon amie l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler.


Le frérisme est une réalité et des réseaux. L’islamo-gauchisme n’est pas une vue de l’esprit...




Nota :


(*) Le lecteur arabophone ou arabisant peut découvrir quelques positions du frériste Abdelwahab El-Affendi (عبد الوهاب الأفندي), directeur du Doha Institute, en lisant ses articles en arabe sur le net. Si le besoin se présente, je consacrerai un décryptage de ses écrits. En attendant, il faut savoir qu'Abdelwahab El-Affendi développe toute une réflexion appelant à créer "l'état des musulmans", par la voie démocratique, et non "l'état islamique" - c'est subtile - afin qu'un consensus politique, populaire, soit atteint pour, enfin, "appliquer la charia" car, Mahomet, était "prophète et juge" selon lui. Il ne s'oppose pas à la finalité de l'application de la charia, en soi, mais critique uniquement les expériences passées et les modalités suivies pour atteindre cette finalité. Une manière d'utiliser la démocratie pour tuer la démocratie. A lire en arabe : ici.


Aussi, sur un autre sujet, Abdelwahab El-Affendi exprime son rejet catégorique d'Israël et ne lui reconnaît aucune légitimité. Pour lui, les Arabes et les musulmans se trompent de combat et ne doivent pas quitter des yeux le vrai but : celui de la libération de tous les "territoires palestiniens occupés en 1948". A lire : ici.

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