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De l’ensauvagement au califat


Par : Mohamed LOUIZI

Le couteau vole la vedette à la kalachnikov. L’abaya cache des prières islamiques exécutées soi-disant «ludiquement», dans des cours de récréation. Le hijab a tenté de marquer un nouveau but contre la laïcité au Conseil d’Etat à quelques mois des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Le halal devient la norme. Le boom de la natalité mahométane accélère l’islamisation. L’immigration, encouragée par les institutions européennes, disloque l’unité nationale et défie l’identité culturelle. Le jihad s’ubérise et se diversifie. La stratégie islamiste d’ensauvagement fête son vingtième anniversaire, j’y reviendrai, et se déroule exactement comme prévu. Combien de temps tiendra encore l’édifice fragilisé de la démocratie ?


Ici, un acte d’une extrême barbarie. Là-bas, à quelques kilomètres d’ici, un attentat islamiste. Encore un autre, me disais-je, s’ajoutant à une liste sans fin mais non sans fin. Un peu plus loin, multiplication d’actes d’une rare sauvagerie. Rédaction décimée. Plusieurs attaques islamistes coordonnées dans la capitale faisant plusieurs centaines de blessés et de morts. Curé égorgé. Enseignant décapité. Agente administrative de la Police nationale poignardée devant son lieu de travail. Fonctionnaire de police, converti à l’islam, attaque au couteau et assassine quatre collègues au sein même de la préfecture de police de Paris. Il entendait des voix…


Camion-bélier tuant des centaines de promeneurs le jour de la Fête nationale. Eglises saccagées et brulées. «La seule église qui illumine, c’est celle qui brûle», fanfaronnent des islamogauchistes bouffeurs de curés, soumis aux imams. Une octogénaire handicapée violée à son domicile par deux personnes. Grand-mère tabassée et jetée par la fenêtre car juive. Une troisième violemment agressée en plein rue avec sa petite-fille. Nombreuses caches d’armes découvertes. Tirs à l’arme de guerre entendus dans un parking. Ixième règlement de compte entre trafiquants. Au sol, quelques douilles sans valeur abandonnées à côté de corps sans vie. Bébés lacérés avec un couteau dans une aire de jeu par un immigré syrien. Des cortèges de mariages sous drapeaux maghrébins provoquent débordements et insécurité routière...


Des faits divers chassant des faits de société. Adolescent tabassé par une horde déchaînée. Rugbyman musulman rouant sa femme de coups de pied francs à l’entrée d’un centre commercial en Occitanie. Tirs de mortiers visant un commissariat. Rixe meurtrière entre bandes rivales, entre communautés convulsives. Rodéos sauvages qui se multiplient y compris dans les allées de galeries marchandes. Checkpoints tenus par des dealers à l’entrée de certains quartiers. Détonement d’explosifs dans un lycée réputé tranquille. Pompiers agressés en marge d’une manifestation. Guet-apens tendu pour casser du flic. Médecin militaire attaqué au couteau devant l’école privée de ses enfants. Enseignante mortellement poignardée dans sa classe. Le pas-de-vaguisme condamnant à la souffrance silencieuse un professeur sur deux, victime d’agression au cours de sa carrière. Chercheurs, avocats, journalistes et militants vivent sous protection policière car menacés de mort par les réseaux souterrains des frérosalafistes. Fille mineure harcelée, agressée sexuellement, poignardée et brûlée vive. Une autre, âgée de douze ans, violée, torturée, tuée et mise dans une malle abandonnée à proximité d’un immeuble. Filles des banlieues vivant sous la pression des mariages forcés et la menace des crimes d’honneur. En rase campagne, des colonnes de feu dégagés par des camions de la Gendarmerie, attaqués et incendiés par de faux-amis de la Terre, par de vrais écoterroristes...


Pas un jour ne passe sans qu’un acte d’extrême barbarie ne chasse celui de la veille. Des médias bien-pensants de gauche, sous pression des réseaux sociaux, relaient une partie de ces actes mais se donnent de bonnes raisons «morales» pour en censurer d’autres et cacher les identités de leurs auteurs. Question de déontologie, sans doute. Ils ne s’interrogent que très peu sur le sens évident de l’ensauvagement ambiant mais s’indignent systématiquement d’une «récupération» qui ferait le jeu des droites. Certains excellent dans l’art de minimiser les faits. Ils évitent de parler des victimes pour ne pas stigmatiser les bourreaux.


Dans la difficulté, Police et Gendarmerie font leur travail mais une certaine Justice peut décider, au nom du Peuple envers qui elle ne rend aucun compte, d’acquitter un violeur au motif qu’il n’avait pas les «codes culturels» de sa victime, ou comment l’immigration enrichit la jurisprudence… La psychiatrisation à outrance des OQTF islamistes ayant commis des atrocités leur offre des totems d’immunité et des permis à récidiver. Des «experts» les déclarent «déséquilibrés» alors qu’ils sont terroristes. Dès lors, ils sont ici et ils y restent aux frais des contribuables condamnés, eux, à subir la double-peine : composer au quotidien avec l’insécurité choisie par l’élite progressiste et payer son coût exorbitant sous forme de prélèvements, taxes et impôts directs et indirects.


Entre Police et Justice, le torchon a brûlé un temps avant le divorce consommé. Niveaux records des démissions au sein de la Police nationale et de la Gendarmerie quand ce n’est pas le fléau des suicides qui enfle comme le décrivent les témoignages dans «Je suis flic et ce soir je vais me suicider»[1]. Le gouffre entre Police et Justice s’élargit et devient une fosse commune où gisent désormais des valeurs et des principes que l’on croyait immortels. Si le premier flic de France n’hésite pas à employer tardivement le mot «ensauvagement»[2], le garde des sceaux préfère botter en touche et parler simplement de «sentiment d’insécurité»[3]...


Et si tout cela avait un sens ?

Le pas-d-amalgame[4], cette maladie française, empêche de voir le réel, de dire le réel, d’agir sur le réel et d’établir les liens factuels entre des faits divers et des faits de société, entre des violences dites ordinaires et des violences inouïes de nature islamiste. Evidemment, au premier abord, il n’est pas aisé de mettre sur le même plan un vol à l’étalage et la tentative d’assassinat d’un apostat au nom d’Allah. Evidemment, le vol à l’étalage n’est pas au même niveau que le terrorisme. Evidemment, un voleur n’est pas forcément terroriste. Evidemment, il faut cesser de voir le mal partout. Evidemment que le voleur à l’étalage contrevient à la charia des islamistes et risque de voir ses mains coupées par ladite volonté d’Allah. On peut aligner les «Evidemment», un peu à la vulgaire La Zarra, sur le toit d’une Europe sans vision, chantant au nom d’une France qui «ne sera plus jamais la France d'avant». On peut continuer naïvement à croire en la fatalité d’événements aléatoires qui viendraient juste comme ça, sans fil conducteur et qui ne répondraient à aucun agenda. Evidemment, le réveil sera dur.


En 1964, l’Américain Robert Bruce Taber (1919-1995) a publié un livre d’une grande valeur : The War of the Flea : The Classic Study of Guerrilla Warfare[5], traduit et publié en France dès 1969 aux éditions Julliard, sous le titre : La guerre de la puce, stratégie de la guerre de guerrilla[6]. L’essai explique comment des guérilleros peuvent venir à bout d’une armée régulière et puissante par la multiplication et l’addition de plusieurs petites opérations diversifiées, imprévisibles et furtives, frappant partout, répétées ici ou là et éparpillées sur un temps relativement long. Le but n’étant pas matériel mais psychologique. Les guérilleros ne visant pas à triompher par de telles opérations mais à épuiser les défenses de l’ennemi et affaiblir ses capacités. A terme, l’ennemi en tire les conséquences ou s’effondre.

Robert Taber fait l’analogie entre le mode guérilla et les attaques de puces subies par un chien. Une colonie de puces, suceuses de sang, très petites et extrêmement mobiles attaque le chien aléatoirement, sans prévenir, partout sur l’espace étendu de son corps. Quelques dizaines attaquent les oreilles. D’autres attaquent le bas-ventre. D’autres l’arrière du cou. D’autres se nichent sous la queue. Le chien se gratte frénétiquement sans trouver quoi écraser par ses mâchoires, ni quoi ratisser avec ses griffes. Il se fait mal et multiplie les plaies. Son système de défense immunitaire est mis à rude épreuve tant les fronts d’attaques invisibles se multiplient. Dès qu’il se croit à l’abri, les agressions reprennent de plus belle…


A terme, en théorie, le chien surmené succombe à l’épuisement psychologique. S’il ne meurt pas d’anémie, il devient trop faible. La moindre petite blessure supplémentaire peut avoir raison de lui. Les puces, elles, se multiplient et comptent les petites victoires. Le chien n’est plus chien. La puce est toujours puce, puisant sans trop d’effort sa goutte de sang, son butin et se reproduit à l’infini. En termes politiques, les guérilléros ont épuisé les défenses de l’Etat et ont terni son image, sa respectabilité. En termes économiques, ils rendent l’assurance par l’Etat des fonctions régaliennes trop coûteuses pour le contribuable, ruinent les finances publiques, creusent la dette et hypothèquent la souveraineté. Le coup fatal viendra plus tard…


La théorie de Robert Taber fut très vite adoptée par les islamistes. Déjà, en 1989, Abou Moussab al-Souri, «l’inspirateur des attentats de Paris»[7], a animé un séminaire de formation en Afghanistan, ciblant des jihadistes ouïghours pour les former à mener des actions terroristes contre la Chine, afin d’autonomiser le Turkistan oriental. La transcription en arabe du contenu de ce séminaire[8] démontre l’intérêt que porte l’auteur de l’Appel à la résistance islamique mondiale pour ce mode d’action ultra efficace. D’ailleurs, dans sa «bible du jihad»[9] de plus de 1600 pages en arabe, parue en 2004, il recommande vivement ce mode de terreur en expliquant ses étapes et ses racines, en remontant le cours de l’Histoire jusqu’à la tradition mahométane, histoire de rassurer les puristes. En 2010, la maison d’édition Dar Al-Kitãb Al-Arabi a publié l’ouvrage d’Ahmed al-Minyawî, La guerre des puces et des chiens : guérilla, de Cuba au Vietnam et de la guerre du Liban à Gaza[10]


Al-Qaïda, à l’image du Hezbollah libanais et du Hamas palestinien, en a fait son modus operandi contre les intérêts américains et occidentaux sur tous les continents : Yémen, Arabie Saoudite, Kenya, Tanzanie, Pakistan, Tunisie, Turquie, Philippines, Algérie, Espagne, Royaume-Uni, Suède, Maroc, Irak, France… en passant par le 11 septembre 2001. L’idée sous-jacente, derrière toutes ces attaques intermittentes mais meurtrières, étant la démoralisation et l’épuisement de l’adversaire. A force, en août 2021, les Etats-Unis de Joe Biden se sont retirés définitivement de l’Afghanistan[11]. Les Talibans, conservés en l’état par le Qatar[12] des Frères musulmans, ont repris le pouvoir depuis. Une nouvelle victoire de l’islam des cavernes.


Toujours dans les années 90, le vocabulaire islamiste s’est enrichi d’un nouveau concept, inhabituel dans la littérature du jihad, depuis au moins le frère musulman Sayyed Qutb et qui puise sa sève, en partie, dans l’allégorie de la guerre des puces et du chien. Ce nouveau concept est l’ensauvagement (التوحش). Le terroriste Jordanien Abou Qatada al-Filistini[13], qui a résidé durant plusieurs années à Londres, fut presque le premier à en parler ouvertement dans son 48ème article de la série de propagande en arabe intitulée : «Entre deux approches[14]» (بين منهجين). Il a prédit la chute de la civilisation occidentale, «civilisation de Satan» écrivait-t-il. Selon lui, «l’alternative après la chute de l’Occident sera l’ensauvagement». Il recommanda alors aux islamistes d’y travailler pour en être les seuls héritiers et être capables de passer de la phase de l’épuisement de l’ennemi, guerre de la puce, à la phase du Tamkine et de la domination politique. Il conviendrait de rappeler, au passage, que le mentor des terroristes des attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l’Hyper Cacher, l’Algérien Djamel Beghal[15], était un disciple assidu de l’idéologue Abou Qatada.

Quelques années plus tard, en 2004, un autre disciple d’Abou Qatada et membre influent du réseau international d’al-Qaïda, l’Egyptien Muhammed Khalil al-Hakaymah, alias Abu Bakr Naji, a publié sur Internet son livre en arabe : Le management de la sauvagerie, l’étape la plus critique que franchira l’Oumma (إدارة التوحش، أخطر مرحلة ستمر بها الأمة). En 2006, William Faizi McCants a traduit ce manuel terroriste en anglais, pour le compte de John M. Olin Institute for Strategic Studies à l’université d’Harvard. Un an plus tard, en 2007, les Editions de Paris-Max Chaleil en ont publié une traduction française sous le titre Gestion de la barbarie, préfacée par l’historien Jacques Heers. La 4ème de couverture présente ce manuel en ces termes :


«Sous le titre : Études stratégiques, les théoriciens du jihad communiquent leurs consignes terroristes aux islamistes du monde entier. Publiés en Orient et en arabe, ces textes ne sont pas connus du public et n'attirent pas l'attention des dirigeants occidentaux. Au premier rang des stratèges islamistes, Abu Bakr Naji, recherché par toutes les polices, diffuse le traité de la Gestion de la barbarie, sous-titré : L'étape par laquelle l'islam devra passer pour restaurer le califat. Abu Bakr Naji détaille, exemples à l'appui, les instructions à suivre pour démoraliser et détruire l'Occident. Ce document hallucinant, Mein Kampf des islamistes, donne un sens aux informations de la presse. Il faut le lire et le faire connaître, pour qu'il ne soit pas dit : "Nous ne savions pas!"»[16]. La presse française s’en est saisi un peu tardivement et avec beaucoup de nonchalance à partir de 2013.


Selon le jihadiste égyptien, «la sauvagerie» ne constitue pas un but en soi mais une étape à anticiper, à préparer, à gérer le moment venu et à franchir, pour instaurer partout le califat islamique et imposer enfin la loi d’Allah. L’auteur, qui multiplie les références aux idéologues fréristes et salafistes de la djihadosphère, à l’image de Sayyed Qutb et Abdallah Azzam[17], le mentor d’Oussama Ben Laden, explique que seul le jihad armé, sa terreur assumée et ses atrocités revendiquées, peuvent accélérer le processus d’ensauvagement sur un territoire donné. Trois étapes sont énumérées pour les zones dites principales (deux étapes pour les autres) : la première étape étant «la démoralisation et l’épuisement» des forces de l’Etat central – en d’autres termes, la guerre des puces contre le chien, pour créer les conditions objectives d’un ensauvagement généralisé et incontrôlable ; la deuxième, «le management de la barbarie» qui en découle ; et la troisième étape, le «Tamkine et l’instauration de l’état islamique».


Le territoire ciblé, explique le terroriste, devrait répondre à des critères favorables à l’instauration future d’un état islamique : avoir une géographie rendant difficile les attaques extérieures et facilitant le repli des jihadistes ou être situé en périphérie d’une zone souffrant de la faiblesse et de l’absence de l’Etat ou en banlieue des mégapoles. Il doit être profondément travaillé par le discours islamiste (et jihadiste) et peuplé majoritairement par des musulmans réceptifs à ce discours, tant culturellement que religieusement. Il doit bénéficier d’un laisser-faire laisser-passer favorisant le libre trafic d’armes sans aucune limite.


La dangerosité de ce traité ne réside pas uniquement dans sa façon de prêcher un discours assurément terroriste, non-restrictif aux zones de conflits militaires et qui mêle, avec beaucoup de pragmatisme, la tradition islamique aux autres pratiques non conformes à cette même tradition. Elle réside également dans sa façon d’ubériser le jihad pour faire de tout un chacun un soldat du califat, de conceptualiser la corruption au service d’Allah – pour acheter avec l’argent de la zakat et des trafics la complicité des élites occidentales médiatiques et universitaires, de financer des femmes et hommes politiques, entre autres – et d’appeler tout musulman, de tout âge, de tout sexe, de toute origine, à en être l’acteur actif ou du moins, le réserviste passif en attendant la consigne et le coup d’envoi. Tout musulman deviendrait une «puce» au service de l’Oumma, un faux-loup solitaire, une cellule dormante mononucléée, et devrait épuiser mortellement les forces de sécurité de l’Occident, exécuter ses «chiens de l’enfer», quand il ne s’emploie pas à venger avec fracas Mahomet et les mahométans ou à infiltrer silencieusement les sphères d’un pouvoir qui se laisse infiltrer, à l’insu de son plein gré.


Les petites opérations dispersées à dessein, «comme frapper la tête d’un chrétien d’un coup de bâton», dit l’auteur, tout comme les grandes attaques terroristes spectaculaires, visant des cibles stratégiques et espérant capitaliser sur l’amplification médiatique pour recruter de nouveaux candidats au jihad armé, ont toutes leur impact. L’auteur conseille de tenir compte d’un enseignement militaire qui a fait ses preuves : «Quand une armée régulière concentre ses forces sur une zone, elle perd le contrôle. Quand elle se disperse, elle perd en efficacité». Varier les rythmes des attaques en est un deuxième enseignement, tantôt de manière croissante, tantôt de manière constante, tantôt de façon périodique, alternant délibérément des phases de forte intensité terroriste et des phases de latence apparente, histoire d’endormir le camp d’en face. L’intérêt étant de bousculer l’ordre établi, d’affaiblir les forces de l’ordre à l’intérieur, d’épuiser les forces militaires à l’extérieur, de dilater au maximum l’espace de confrontation directe en multipliant les points chauds, les angles d’attaque, d’expulser l’Etat du territoire-cible et de doper ainsi l’ensauvagement ambiant.


Dans de tels cas, l’Etat se trouverait face à un dilemme : concentrer ses forces pour protéger des sites dits sensibles, au risque de perdre le contrôle sur le reste, ou vouloir être visible partout au risque de n’être efficace nulle part. Dans de telles circonstances, le terroriste fait un premier pari que l’Etat concentrera ses efforts et ses meilleurs effectifs, évidemment limités en nombre, sur les sites dits sensibles : institutions politiques, sites économiques, lieux touristiques, dépôts de carburants, centrales de production d’énergie... Le reste du territoire serait presque laissé à l’abandon, à la merci des événements, faute de ressources supplémentaires et compétentes. Le deuxième pari, fait par ce jihadiste, est que les populations des périphéries conquises, éreintées par de longues années d’ensauvagement subi, seraient tellement apeurées, désarçonnées et résignées qu’elles accepteraient la gouvernance de n’importe qui, à la seule condition qu’il soit capable de rétablir l’ordre, de garantir la sécurité et de réinstaurer l’autorité.


Ainsi, le territoire-cible deviendrait un terrain propice aux islamistes pour enclencher la deuxième étape : l’administration de l’ensauvagement à leur façon et le modelage des esprits soumis par la terreur afin de préparer l’étape ultime. Trois terrains d’action sont identifiés à ce stade : l’endoctrinement islamique de la population asservie de la façon la plus dure. On ne transige pas avec les principes de l’islam conquérant. L’application stricte des règles juridiques issues de la charia pour marquer les esprits par des sanctions exemplaires. Et la gestion des services publics pour montrer à cette population la capacité des cadres islamistes de gérer le quotidien et d’assurer la nourriture et les soins. Le management de l’ensauvagement entre ainsi en jeu et vient récolter les fruits de plusieurs décennies de terreur méthodique induisant, au passage, d’autres actes de barbarie ordinaire qui n’aurait pas de lien avéré avec le terrorisme islamiste. Toutefois, la terreur islamiste fait le lit de la criminalité du quotidien et s’en nourrit. L’ensauvagement, qu’il soit inducteur ou induit, actif ou réactif, sert in fine la même cause. Il n’est pas un but en soi, encore faut-il le rappeler, mais l’étape par laquelle l’état islamique compte se constituer un ou des territoires en Europe : «le ventre mou de l’Occident», dixit Gilles Kepel, le «zombie suicidaire», dixit mon amie Monique.


Force est de constater qu’en 2023, en France, tous ces «territoires perdus de la République»[18] et tous ces «territoires conquis de l’islamisme»[19] répondent à l’ensemble des critères précités. Déjà en 2005, on se souvient que lintifada des banlieues, dite «émeutes», a révélé une volonté claire des islamistes de gérer l’ensauvagement en ce moment à la place ou à côté de l’Etat central. Les Frères musulmans de l’UOIF avaient publié une fatwa[20] à deux lames : appeler les jeunes de quartiers au calme, en se positionnant comme acteur ayant son mot à dire, et en même temps, incriminer le système français d’intégration dont les Frères musulmans, eux-mêmes, ont largement contribué à son échec cuisant par leur idéologie islamiste néfaste, séparatiste et haineuse à l’égard de la France, des Français et de l’Occident.


En 2019, la fiction «Les Misérables» de Ladj Ly a accordé une place de choix aux salafistes et aux Frères musulmans en les présentant comme les seuls à avoir de la considération pour les jeunes des quartiers sensibles. La nouvelle fiction «Le jeune imam», sortie en salle le 26 avril dernier, coécrite par Kim Chapiron, Ladj Ly et d’autres marchands de la victimisation, s’engage sur cette même voie et vise subtilement à mettre la mosquée, à travers le personnage de l’imam, au milieu de la banlieue. Qui a dit que l’état islamique n’a pas ses Spielberg ?

En 2020, lorsqu’un énième conflit a opposé la «communauté tchétchène» à la «communauté maghrébine» à Dijon, une «armistice» a été négociée au sein de la «mosquée» contrôlée par l’UOIF, sous l’égide du frère musulman Mohamed Ateb, l’ami du maire socialiste François Rebsamen, et non devant les tribunaux de la République. On raconte que les Tchétchènes ont offert trois moutons[21] aux Maghrébins comme signe d’apaisement, comme cela se faisait il y a quatorze siècles aux alentours de la Mecque. Là aussi, la volonté de la mosquée de gérer l’ensauvagement intercommunautaire et de se positionner en garant de la tranquillité publique et de la paix civile ne faisait guère de doute. Quelques heures après l’éclatement des violences extrêmes, de la nouvelle intifada des banlieues, perpétrées depuis quelques jours contre la nation et les symboles de la démocratie française, par des hordes sauvages, en ce mois de juin 2023, voici à nouveaux les islamistes qui s’emploient à tirer les marrons du feu. Des «imams appellent à l’apaisement»[22]. La mosquée algérienne à Paris comme le mal nommé Conseil français du culte musulman entrent dans la dance par la porte de l’indignation sélective et de la victimisation à dessein.


Non, l’ensauvagement n’est pas un constat mais c’est le projet d’une étape et la stratégie d’un projet. Quand des experts appellent en France à moins d’Etat, ils prennent le risque de laisser le vide qui sera occupé par plus d’état islamique. La nature déteste le vide. Quand l’irresponsable gauche-castor, alliée objective des frérosalafistes, agite le chiffon rouge d’une arrivée hypothétique au pouvoir d’une «méchante extrême-droite», elle prépare, en vérité, le terrain au futur calife pour administrer, le moment venu, l’ensauvagement selon les règles de la charia sur les ruines de la République.


Pendant ce temps-là, les réseaux fréristes nationaux et internationaux se préparent et s’organisent. Ils distillent la théorie et les méthodes de la guerre des puces et du chien[23] (حرب البرغوث والكلب), comme le fait un frériste égyptien antisémite exilé au Qatar, Tamer Gamal, très suivi sur Twitter[24] (367k abonnés) et sur YouTube[25] (442k abonnés). Ils se voient tout près du but en constatant l’affaissement de l’Etat et l’épuisement de toutes ses forces vives. Ils observent et attendent le moment opportun. Les actes de sauvagerie en cours sont un coup d’accélérateur majeur qui laissera sans doute des traces et, à ce titre, doit profondément inquiéter tout citoyen épris de liberté.


L’on craint le scénario catastrophique qui plongera la France et ses pays limitrophes, la Belgique, l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne, entre autres, irréversiblement et durablement dans une guerre civile franche, tant des territoires de ces pays répondent à l’ensemble des critères définis par l’auteur du «Management de l’ensauvagement». On n’est pas à l’abri d’une partition, redoutée un temps par un ancien président de la République, qui commencerait par une attaque coordonnée, ciblant un tout petit village, dans une région reculée et déserte qui sera choisi minutieusement pour y établir la Raqqa de l’Europe, la Médine de France, et qui arborera le drapeau jihadiste noir par-dessus l’église du village, après le massacre ultramédiatisé des villageois, diffusé en image et en direct sur tous les réseaux sociaux et sur la chaine qatarie al-Jazeera...


Qui empêchera leur calife de faire un appel à tous les musulmans en France et en Europe de rejoindre illico presto ce village ? En l’absence de frontières, en la multiplication des zones saccagées et brûlées épuisant les forces de l’ordre et terrorisant le peuple français, qui pourra empêcher les flux islamistes venant de Bruxelles, Barcelone, Cologne, la Courneuve, Mulhouse, Bordeaux, Marseille, Montpellier, Roubaix, Rouen, Villeurbanne, Nantes, entre autres, de rejoindre cette base du jihad par tous les moyens de transport ? Qui pourra faire face aux flux des armes qui viendraient du chaos ukrainien portés par les milices jihadistes nichées là-bas ? La France, qui a rapatrié des familles de jihadistes depuis la Syrie, a-t-elle vraiment les capacités d’empêcher un tel scénario qui s’est déjà produit en Syrie, en Irak, au Sahel, en Libye, au Sinaï et ailleurs ? J’espère que nos forces françaises sauront déjouer ce scénario fort plausible même si je reste convaincu que le contexte chaotique national et international joue en faveur des islamistes qui, eux, ne jouent jamais et caressent toujours le rêve vert de la chute de Rome. Cette fameuse prophétie de Mahomet.





Notes :
[1] https://www.leparisien.fr/faits-divers/pas-une-fois-on-ne-sattaque-aux-problemes-de-management-deux-flics-sortent-un-livre-choc-sur-les-suicides-dans-la-police-27-01-2023-2F4MJ3UFOBHC7CW4ZHFXF5SCRA.php [2] https://www.lefigaro.fr/politique/gerald-darmanin-il-faut-stopper-l-ensauvagement-d-une-partie-de-la-societe-20200724 [3] https://www.lefigaro.fr/politique/pour-dupond-moretti-le-terme-ensauvagement-de-la-societe-entretient-le-sentiment-d-insecurite-20200901 [4] https://www.lepoint.fr/politique/islamisme-il-est-minuit-moins-deux-avant-l-heure-du-choix-06-11-2020-2399698_20.php [5] https://ia902208.us.archive.org/1/items/war-of-the-flea_202203/War%20of%20the%20Flea.pdf [6] https://www.defnat.com/e-RDN/vue-article.php?carticle=18799&cidrevue=285 [7] https://www.lefigaro.fr/international/2015/11/23/01003-20151123ARTFIG00224-abou-moussab-al-souril-inspirateur-des-attentats-de-paris.php [8] https://ketabonline.com/ar/books/25345/read?part=1&page=3&index=3503849 [9] https://www.jeuneafrique.com/135294/politique/abou-moussab-al-souri-le-nouveau-ben-laden/ [10] https://wrraqoon.com/ حرب-البرغوث-والكلب-حرب-العصابات-من-كوبا-إلى-فيتنام-ومن-حرب-لبنان-إلى-غزة-دار-الكتاب-العربي-للطباعة-والنشر-والتوزيع-مصر-أحمد-المنياوي [11] https://www.lejdd.fr/International/afghanistan-joe-biden-annonce-le-retrait-des-troupes-americaines-dici-au-11-septembre-4038750 [12] https://www.lemonde.fr/international/article/2021/08/26/afghanistan-la-victoire-des-talibans-succes-pour-le-qatar-et-inquietude-pour-riyad-et-abou-dhabi_6092407_3210.html [13] https://www.theguardian.com/uk/2002/oct/26/alqaida.september11 [14] https://ia801307.us.archive.org/2/items/allah_akbar_kabeera_0123_hotmail_20150719_04289/%D9%85%D9%82%D8%A7%D9%84%D8%A7%D8%AA%20%D8%A8%D9%8A%D9%86%20%D9%85%D9%86%D9%87%D8%AC%D9%8A%D9%86/%26%D9%85%D9%82%D8%A7%D9%84%D8%A7%D8%AA%20%D8%A8%D9%8A%D9%86%20%D9%85%D9%86%D9%87%D8%AC%D9%8A%D9%86..%20%D8%AC%D9%85%D9%8A%D8%B9%20%D8%A7%D9%84%D9%85%D9%82%D8%A7%D9%84%D8%A7%D8%AA%20%D9%85%D9%86%D9%82%D8%AD%D8%A9%20%D9%88%D9%85%D8%B1%D8%AA%D8%A8%D8%A9%20%D9%81%D9%8A%20%D9%85%D9%84%D9%81%20%D9%88%D8%A7%D8%AD%D8%AF%26.pdf [15] https://www.theguardian.com/world/2015/jan/11/mentor-charlie-hebdo-gunmen-uk-based-djamel-beghal [16] https://www.eyrolles.com/Loisirs/Livre/gestion-de-la-barbarie-9782851621993/#info-technique [17] https://www.theguardian.com/books/2020/may/17/the-caravan-abdallah-azzam-and-the-rise-of-global-jihad-review-recent-history-at-its-finest [18] https://www.marianne.net/societe/territoires-perdus-de-la-republique-retour-sur-une-omerta-francaise [19] https://www.lepoint.fr/societe/les-territoires-conquis-de-l-islamisme-02-01-2020-2355727_23.php [20] https://www.nouvelobs.com/societe/20051107.OBS4363/l-uoif-appelle-a-l-apaisement.html [21] https://www.marianne.net/societe/dijon-pendant-que-la-police-interpelle-les-communautes-tchetchene-et-maghrebine-palabrent [22] https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/06/29/mort-de-nahel-a-nanterre-les-imams-appellent-a-l-apaisement-apres-les-emeutes_6179846_3224.html [23] https://www.youtube.com/watch?v=_t8nfKCdEF8 [24] https://twitter.com/tamergamalhosny?lang=fr [25] https://www.youtube.com/watch?v=_t8nfKCdEF8&t=318s
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